Inde 6 / l'ascension du Gandala (5030m), Ladakh et Himalaya

Départ 8h en jeep pour Zinchen. Nous nous arrêtons lorsque la route prend fin, le High Altitude National Park of Hemis est devant nous. De là, la marche commence, et ce n'est pas prêt de s'arrêter. Nous sommes partis pour trois jours de trek entre 3900 et 5100 mètres, avec comme objectif le Ganda La.

On the road to Himalaya and Ladakh

La première journée, considérée comme facile, doit nous permettre de rejoindre notre camp de base avant l'ascension. Nous nous entendons tout de suite bien avec notre guide, Norbu, qui nous met rapidement en confiance en prodiguant les conseils adaptés et en commentant faune et flore que nous croisons. Nous marchons en fond de vallée, plutôt verdoyante où nous croisons des Blue sheep (grand bharales, ou moutons bleus de l'Himalaya).

Blue sheep near Yurutse village

Nous arrivons en milieu d'après-midi dans la seule maison de la vallée avant le sommet, typique du Ladakh, qui héberge les randonneurs.

Yurutse, first base camp before the Ganda La

Elle est pleine, on nous propose donc de dormir dans la cuisine.

Sous les conseils, toujours avisés de Norbu, nous choisissons de pousser la marche plus haut, à 30 minutes de marche, pour atteindre un camp de base sous tente.

Second base camp (4320m) near the Ganda La

Nous sommes alors à 4320 m d'altitude, on nous sert des thés, et un repas succulent vu l'isolement du lieu. Toutes les denrées et le matériel sont montés à dos de cheval ou de mulet.

View of the Stok Kangri (6 150 m) by night

L'ascension commence dès 8h le lendemain matin. Il fait frais, bien sûr.

Mais après quelques minutes ce n'est plus le climat ou la beauté des paysages qui importent. C'est réussir à passer le col et le sommet à plus de 5000m. A cette altitude, la proportion d'oxygène n'est que de 60%. Alors, la perspective change. Beaucoup plus introspective. Une tension entre effort physique et respiration. L'équilibre, comme nul par ailleurs, est loin d'être facile à trouver. Ce pas, unité de base de la marche, si habituel. Lors de cette montée tout change. Un pas semble en valoir une dizaine. Aucun souffle, réflexe de la respiration, ne satisfait la dépense d'énergie engagée. On est hors des habitudes. La respiration doit être provoquée, forcée, et les pas économisés, simplifiés au maximum. Moyennant ce travail de contrôle, consistant à la fois à identifier la meilleure démarche et à maîtriser consciemment sa respiration, on avance, doucement. On hésite parfois. On se dit qu'on a atteint sa limite. On s'arrête alors, en se répétant qu'il vaudrait mieux redescendre. Il faut alors contre carrer sa pensée et se rappeler que le sommet n'est plus si loin. Chaque pas est déjà une victoire : il nous en rapproche. Rester concentré, avec la volonté d'avancer.

Arrivés au Gandala pass (col à 4980m), étrangement, les efforts passés s'estompent. On termine même les derniers mètres pour aller au sommet et dépasser les 5000m.

Gandala 4980 m Ladakh

La descente, elle, est un jeu d'enfant. Nos poids suffisent presque à nous ramener.

View from the Ganda la (4980m)

Plus bas, nous nous arrêtons dormir chez l'habitant dans un village typique du Ladakh (Shingo village). Ici pas de chaux sur les murs : les petites briques de terre sombres sont apparentes.

Shingo village

Pour le dernier jour, il nous faudra une journée de marche pour rejoindre la vallée de l'Indus en passant par la fameuse Markha valley.

Nous nous arrêtons alors dans plusieurs tea tentes qui peuplent le chemin, notamment dans le village de Skiu, pour nous reposer en buvant un thé. Ces lieux d'accueil des marcheurs sont tous structurés de la même manière : une toile, percée en son sommet et tenue par un pilier en bois ou autre, accueille quelques tables et chaises. Il s'agit en fait de parachutes militaires recyclés. Norbu, étudiant a Jammu, nous dira : "c'est simple l'économie du Ladakh repose sur deux piliers, le tourisme et l'armée". En effet, de nombreux camps militaires sont dispersés dans les montagnes himalayennes et ne sont accessibles que par voie aérienne. Les vivres et autres nécessités sont alors parachutés dans les camps. Les habitants de ces hautes montagnes, habitués à vivre avec des moyens limités, récupèrent les parachutes afin de faire ces fameuses tea tentes et d'accueillir les trekkeurs, toujours contents de pouvoir s'y reposer quelques minutes en sirotant un black tea ou un milk tea.

Carte du trek entre Gandala et Markha Valley (1 : 300 000)Zingchen - Rumbak - Yurutse - Ganda La - Shingo - Skyu - Chilling, en trois journées et deux nuits

Après avoir marché pendant 3 jours, nous avons fini notre trek dans un trolley, non loin du village de Chilling. En effet, le récent pont entre les deux rives de la rivière Zanskar s'est déjà effondré. Toujours dans la débrouillardise, les habitants ont mis en place une tyrolienne avec une nacelle en bois afin d'y transporter vivres, sacs et... personnes. La voiture nous y attend de l'autre côté pour nous ramener à Leh où nous passerons une nuit avant d'aller à la rencontre des nomades de l'Himalaya.

Affaire à suivre...

Toutes les photos de l'album : Ladakh, India

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